France: rencontre avec des électeurs du Rassemblement national en Alsace

Reportage France

En Alsace, le Rassemblement national (RN) s’est hissé en tête quasiment partout, y compris dans des villes qui avaient placé le parti d’Emmanuel Macron en tête lors des dernières élections européennes et présidentielle. Pour tenter de comprendre ce basculement et les inquiétudes qu’il soulève, rencontre avec des électeurs de Sélestat et Geispolsheim.

Située à 50 km au sud de Strasbourg, la ville de Sélestat, 20 000 habitants, est la sous-préfecture du Bas-Rhin. Elle est bien dotée en services et commerces et le revenu moyen par ménage y est même supérieur à la moyenne française. Lors du scrutin du 9 juin, les électeurs de cette commune ont placé le Rassemblement national en tête, avec 10 points de plus qu’aux dernières élections européennes.

Assise à une terrasse de café, Marie-Hélène Schwarzer, commerçante à la retraite, ne souhaite pas dire pour qui elle a voté. Mais la sexagénaire affirme comprendre le basculement de sa commune en faveur du RN. « Le président s’est occupé de l’Ukraine, de l’Europe, mais pas des Français. Alors que ça va mal en France : l’électricité et le gaz ont augmenté, le caddie est passé de 160€ à 220€. Ça ne peut pas aller plus mal. »

Un pouvoir d’achat en baisse. C’est aussi le premier motif évoqué par Théo Uhlen pour expliquer son vote. Le jeune homme de 20 ans, étudiant en BTS bâtiment, travaille en parallèle pour financer ses études. Et comme de nombreux jeunes de Sélestat, il a voté pour le RN de Jordan Bardella : « J’ai pas mal d’amis qui le soutiennent. C’est un parti qui me parle, où je me sens en tous cas en confiance dans ce qu’ils veulent entreprendre, surtout niveau économique. Par exemple, en tant qu’étudiant, on n’a pas un revenu énorme, donc forcément le fait qu’ils veulent baisser la TVA c’est très important.

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« Y’en a marre, il faut que les choses changent ! »

Plus proche de Strasbourg, la commune de Geispolsheim, 7 500 habitants, a - elle aussi - placé le RN largement en tête dimanche dernier, avec une avance de 10 points sur le parti présidentiel, inversant ainsi le résultat des derniers scrutins. Attablée au bar-tabac, au bord de la large route qui traverse la ville, Cloclo, caissière de 61 ans qui ne souhaite pas donner son nom, revendique d’avoir voté RN cette fois-ci : « Je suis très déçue du macronisme. Ses 49.3 à répétition à commencer par la retraite : si c’était comme avant, je serais à la retraite maintenant. Les taxes, l’insécurité, l’impunité envers les délinquants… Y’en a marre, il faut que les choses changent ! »

L’insécurité, c'est aussi le sujet qui préoccupe Victoire Bozon, 24 ans. Gendarme à Geispolsheim, elle a voté pour la liste de Jordan Bardella. « Son idée de la sécurité de la France, c’est ce qui m’importe. »

Une progression du vote RN qui inquiète Morgane Aydin, mère de famille de 42 ans, Française d’origine turque. « J’ai peur pour mes enfants. Et même nous à l’heure actuelle, on se demande si on reste sur place ou si on va voir ailleurs dans un autre pays européen. »

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